Le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQO (SCCC-UQO) a hésité à revenir sur la controverse entourant une vidéo qui donnait des conseils vestimentaires aux employées et aux employés de l’UQO. Cette vidéo a heureusement été retirée du site de l’Université. Cette controverse a aussi permis de débattre des enjeux féministes. Nous avons collectivement pris conscience du poids supplémentaire que devaient porter nos collègues féminines, notamment sur le jugement qu’on pouvait porter sur leur tenue vestimentaire. Chargées de cours, étudiantes, étudiantes salariées, professeures, professionnelles, cadres et employées de soutien vivent avec une contrainte supplémentaire et nous devons tout faire pour cheminer vers une plus grande égalité de traitement.
Une fois les excuses faites et la vidéo retirée, nous pourrions passer à autre chose. Pourtant, cette controverse cache un malaise plus profond. D’une part, des décisions stratégiques sont prises sans concertation avec la communauté universitaire. Si les personnes étudiantes, étudiantes salariées, professionnelles, professeures, employées de soutien et chargées de cours avaient pu élire des représentantes et des représentants au Comité E3, probablement que la vidéo n’aurait jamais été produite. À l’heure actuelle, la consultation semble être un fardeau pour la direction de l’UQO. Pourtant, c’est par la consultation que nous pouvons bâtir une communauté universitaire harmonieuse et dynamique.
E3 n’est pas le seul problème. La controverse sur la consultation pour combattre les violences sexuelles, éclatée en décembre 2017, relevait du même problème. La consultation était jugée biaisée et peu transparente par une partie importante de la communauté universitaire. C’est par une véritable consultation transparente que nous avons pu en arriver à l’adoption d’une bonne politique susceptible de mieux protéger tous les membres de la communauté universitaire et en premier lieu, les femmes. Le refus de reconnaître Donalda Charron dans la toponymie de l’UQO est aussi symptomatique de ce phénomène. Pourquoi la mémoire de notre institution est-elle confisquée par la direction de l’établissement composée très majoritairement d’hommes?
Un second malaise repose sur l’approche clientéliste du programme E3. Nous considérons l’université comme un service public et non comme un simple bien de consommation. Notre université, partie intégrante du réseau de l’Université du Québec, a notamment comme mission d’éduquer une population mal desservie par les autres universités : étudiantes et étudiants de première génération, en situation de monoparentalité, à temps partiel, en situation de handicap, etc. Ce que les chargées et chargés de cours leur offrent, ce n’est pas un bien de consommation, mais plutôt des outils pour améliorer leurs conditions et en faire des citoyens capables de contribuer à leur communauté. Nous sommes évidemment favorables à l’amélioration des conditions d’enseignement, mais nous ne voulons pas devenir des vendeuses et des vendeurs de produits éducatifs.
En terminant, nous aimerions répondre à Monsieur Harrisson dans sa lettre d’excuse à la communauté universitaire. Il écrivait : « Je déplore que cette controverse soit devenue publique et alimentée par des membres de la communauté de l’UQO ». Nous tenons à rassurer le Rectorat. Il n’y a aucun ennemi de l’intérieur à l’UQO. Des démarches avaient été entreprises par le Syndicat des professeures et des professeurs (SPUQO) pour faire retirer la vidéo, et ce, deux semaines avant que n’éclate le scandale. La responsabilité du scandale n’est pas imputable aux syndicats, qui défendent les valeurs de leurs membres, mais plutôt à la perte de contact du Comité E3 avec sa communauté.
De son côté, la porte du SCCC-UQO est toujours ouverte pour bâtir une université de qualité, solidaire et inclusive.
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