Douze heures par jour, six jours par semaine, elles trempaient, une à une, des allumettes de bois dans le phosphore blanc, une substance hautement toxique qui les empoisonnait et faisait pourrir leur mâchoire; le tout pour un salaire de crève-faim. De 1854 à 1928, ce fut le destin de plus de 1000 employées de l’usine E.B. Eddy de Hull, le plus important fabricant d’allumettes du Commonwealth. Jacinthe Duval, archiviste, raconte à Jacques Beauchamp comment ces ouvrières ont fait école dans l’histoire du syndicalisme canadien et des normes de sécurité du travail, en plus de façonner une partie de la ville de Hull.
Ezra Butler Eddy, un entrepreneur américain, s’installe en Outaouais en 1851 pour profiter de la souplesse des règles canadiennes concernant la production d’allumettes phosphorées. Ses premières employées travaillent de chez elles à empaqueter les allumettes qu’Eddy produit lui-même à partir de bois rejeté par les scieries. La fortune qu’il accumule lui permet d’acheter des terres et de construire une usine. Lire la suite…