Il y a franchement quelque chose d’absurde et de totalement contradictoire dans l’intention du gouvernement Legault d’intervenir pour protéger la liberté universitaire, si fondées soient les préoccupations soutenant ce désir. Le premier ministre François Legault peut être interpellé, perturbé, choqué même par certains glissements aberrants de censure et d’autocensure envahissant le sanctuaire des universités, ainsi qu’il l’a clairement exprimé dans une publication récente sur les réseaux sociaux précisant les actions de sa ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, dans ce champ. Mais la sacro-sainte autonomie des universités commande qu’il demeure en réserve.
Non, les gros sabots de l’État n’ont pas leur place dans la cour des universités pour « régler » le problème « dans les meilleurs délais », ainsi que le souhaite apparemment Mme McCann. Et à propos, régler quoi au juste ? En un claquement de doigts et grâce à quelques directives ou énoncés gouvernementaux, mettre à mal un courant de fond tout droit venu des États-Unis ? Ce courant gruge la liberté d’expression de certains professeurs, au point de les mener à eux-mêmes se censurer en classe, car ils craignent de déclencher des vagues et de susciter l’opprobre étudiant. Le socle fondamental sur lequel s’est érigée l’université repose essentiellement sur deux colonnes : la transmission du savoir et des connaissances ; et la liberté d’enseigner en dehors de toute contrainte doctrinale ou idéologique brimant la liberté de s’exprimer. Lire la suite…