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Cette année, je donne au moins 10 cours sur trois campus. Pendant la pandémie, j’ai enseigné à la maison ou en classe, selon l’humeur de mon employeur. J’ai passé des heures à faire la navette en raison des loyers exorbitants des grandes villes. J’ai porté de multiples chapeaux, dont celui d’auteur et de conférencier. J’ai postulé de nouveau pour des charges de cours que j’avais maintes fois assumées. J’ai enseigné au printemps et en été, période où de nombreux professeurs à temps plein se consacrent à leurs « propres » travaux – ou prennent simplement une pause. Et je ne parle même pas des tâches supplémentaires du train-train quotidien.

Bref, j’ai été l’archétype du chargé de cours, de l’enseignant à temps partiel, du membre contractuel du personnel enseignant, du professeur adjoint, bref, chaque université y va de son vocable. Le fait est que nous sommes des membres non titulaires et non permanents de la communauté universitaire. Des travailleurs précaires.

Dans un monde idéal, les charges de cours serviraient de transition entre l’obtention d’un doctorat et l’octroi d’un poste de professeur titularisé à temps plein. Or, en réalité, plusieurs d’entre nous en font souvent une carrière, surtout en sciences humaines, faute de solutions de rechange viables. Une passion sincère pour l’enseignement nous habite, mais notre entrée dans la profession semble avoir eu lieu au mauvais moment, c’est-à-dire à l’heure où les postes de professeur à temps plein paraissent hors de portée. Lire la suite…