FEUILLETON HISTORIQUE / La fin de l’été est morose à Hull en ce début septembre 1924. Dans les petites chaumières ouvrières des rues Kent, Papineau ou encore Champlain, la colère gronde. Des jeunes femmes, souvent encore adolescentes, s’apprêtent à tenir tête au plus gros employeur de la ville. Leur courage et leur détermination susciteront la sympathie de toute une communauté, qui, comme elles, est lasse de se faire exploiter depuis des décennies par la compagnie américaine E.B. Eddy.
Le premier conflit opposant les allumettières à la Eddy, survenu cinq ans plus tôt, est encore frais à la mémoire de tous à Hull. Il a mené à la création du premier syndicat catholique féminin au Québec. Après quelques jours de grève, les ouvrières de la fabrique d’allumettes ont obtenu la reconnaissance de leur syndicat, une augmentation de 50 % d’un salaire famélique et des journées de congé lors des fêtes religieuses. En contrepartie, elles ont acquiescé aux demandes patronales pour prolonger les journées de travail. Lire la suite…