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819 773-1692 accueil@sccc-uqo.ca
Appel d’offre : Formation collective sur l’animation de débats en salle de classe

Appel d’offre : Formation collective sur l’animation de débats en salle de classe

Le Comité de perfectionnement recherche une personne chargée de cours pour offrir une formation sur l’autochtonisation des savoirs. La formatrice ou le formateur pourra proposer une formation à Gatineau, à Saint-Jérôme et en mode virtuel.

La formation devra notamment inclure :

  • Le conflit cognitif comme mode d’acquisition des connaissances.
  • La controverse comme outil d’engagement.
  • La neutralité de l’enseignante ou de l’enseignant dans l’animation des débats.
  • Les stratégies pour éviter les groupes léthargiques, notamment celles et ceux qui participent « trop » et « pas assez ».
  • Les outils pédagogiques et techniques pour favoriser le débat : groupes de discussions, jeux de rôles, sondages, wikis, forums de discussions, etc.
  • Les techniques pour éviter les conflits relationnels et instaurer une éthique dans le débat.
  • Les pistes pour insérer le débat dans l’évaluation des connaissances.

Conditions :

  • Être une personne chargée de cours ayant terminé sa période de probation
  • Avoir des connaissances ou une expérience en la matière
  • Avoir une bonne maîtrise de la plateforme Zoom

La rémunération de la formatrice ou du formateur sera de 750 $ pour chaque séance de trois heures. Deux séances seront prévues à l’automne 2022. Cette formation est susceptible d’être ajoutée au calendrier régulier des formations.

Les personnes intéressées doivent rédiger un plan de la formation d’un maximum de 1000 mots. Elles devront également faire parvenir leur curriculum vitæ aux adresses suivantes : accueil@sccc-uqo.ca et dga@uqo.ca.

Date limite : vendredi 29 avril à 16 h.

Appel d’offre : Formation collective sur l’autochtonisation des savoirs

Appel d’offre : Formation collective sur l’autochtonisation des savoirs

Le Comité de perfectionnement recherche une personne chargée de cours pour offrir une formation sur l’autochtonisation des savoirs. La formatrice ou le formateur pourra proposer une formation à Gatineau, à Saint-Jérôme et en mode virtuel.

La formation devra notamment inclure :

  • Une introduction sur l’histoire, les réalités vécues et la situation politique des peuples autochtones au Québec. Une attention devra être portée aux communautés et aux territoires où sont situés les campus de l’UQO (Gatineau, Ripon et Saint-Jérôme).
  • Une réflexion sur les savoirs scientifiques et les savoirs traditionnels à l’université.
  • Les stratégies pédagogiques pour aborder les questions sensibles.
  • L’accueil des étudiantes et des étudiants d’origine autochtone.
  • Les affirmations symboliques de solidarité avec les peuples autochtones.

Conditions :

  • Être une personne chargée de cours inscrite sur une liste de pointage de priorité
  • Avoir des connaissances approfondies ou une expérience importante en la matière
  • Avoir une bonne maîtrise de la plateforme Zoom

La rémunération de la formatrice ou du formateur sera de 750 $ pour chaque séance de trois heures. Deux séances seront prévues à l’automne 2022. Cette formation est susceptible d’être ajoutée au calendrier régulier des formations.

Les personnes intéressées doivent rédiger un plan de la formation d’un maximum de 1000 mots. Elles devront également faire parvenir leur curriculum vitæ aux adresses suivantes : accueil@sccc-uqo.ca et dga@uqo.ca.

Date limite : vendredi 29 avril à 16 h.

Malaise à l’UdeM, un professeur pro-Poutine défend l’invasion russe

Les troupes russes combattent les « fascistes » en Ukraine. « L’évacuation des civils » est bloquée par « les troupes d’Azov, les fascistes ». « L’horreur du fascisme en Ukraine devient de plus en plus évidente ». « Le Donbass et Marioupol sont en train d’être nettoyés des nazis ukrainiens ».

Ces messages ont été publiés sur Twitter ces derniers jours par Michael J. Carley, professeur titulaire au Département d’histoire de l’Université de Montréal (UdeM).

Très actif sur les réseaux sociaux, l’enseignant, qui a dirigé par le passé ce Département d’histoire et qui est spécialisé dans les relations entre la Russie et les pays occidentaux, ne cache pas sa position pro-Kremlin depuis le début de l’invasion russe. Lire la suite…

La mobilisation se poursuit au SCCC-UQO

La mobilisation se poursuit au SCCC-UQO

Nous avons fait une opération d’enracinement de la négociation. Nicole, notre employée de bureau, a fait 200 envois postaux. Des tracts, un stylo et un macaron ont été envoyé à nos membres par la poste.

D’autres actions sont en préparation. Suivez-nous pour en être informé. Plus que jamais, la bienveillance, c’est aussi pour nous!

Mégantic, un train dans la nuit rayonne à Angoulême

[Christian Quesnel est chargé de cours à l’UQO] L’album coup de poing portant sur la tragédie ferroviaire du 6 juillet 2013 à Lac-Mégantic a rayonné à Angoulême au prestigieux Festival international de la bande dessinée.

Visiblement encore sous le coup de l’émotion, le bédéiste de Saint-André-Avellin, en Outaouais, Christian Quesnel était rempli de fierté au lendemain d’une soirée qui lui a permis de remporter le tout premier Prix Éco-Fauve Raja 2022 pour Mégantic, un train dans la nuit publié chez Écosociété.

Le prix en question est une nouvelle récompense visant à décorer la bande dessinée ayant trait aux questions écologiques.

«C’est génial, lance Christian Quesnel au bout du fil, la voix fatiguée. C’est les Québécois qui remportent le nouveau prix, c’est une première. On est vraiment content.» Lire la suite…

Guerre en Ukraine : les impacts catastrophiques sur l’enseignement supérieur

Guerre en Ukraine : les impacts catastrophiques sur l’enseignement supérieur

TABLE DES PARTENAIRES UNIVERSITAIRES – Depuis le 24 février 2022, le conflit opposant l’Ukraine à la Russie fait de nombreuses victimes au sein de la population. À ce jour, trois millions de d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens dont plusieurs milliers d’enfants, ont fui le pays. Les images des bombardements, relayées quotidiennement par les médias, sont atroces et ne laissent personne dans l’indifférence. Les membres de la Table des partenaires universitaires (TPU) sont profondément bouleversés par cette invasion militaire injustifiable et souhaitent exprimer leur solidarité, particulièrement avec la communauté universitaire ukrainienne.

Le milieu universitaire en Ukraine est très bien établi et reconnu pour la qualité de son enseignement et de sa recherche par plusieurs pays et organismes internationaux tels que l’UNESCO et l’OMS. Les établissements d’enseignement supérieur comptent un peu plus d’un million d’étudiant-es. En 2020, cette population étudiante était composée de plus de 75 000 personnes provenant de l’étranger, principalement du continent africain. La guerre actuelle est une véritable catastrophe pour l’ensemble du système éducatif ukrainien et pour les gens qui y œuvrent. Il est de notre devoir de dénoncer cette attaque abominable qui affecte gravement la vie de nos collègues et de leurs proches.  

Nos gouvernements doivent poursuivre leurs efforts et leurs actions en vue de favoriser une résolution pacifique de ce conflit. Cette escalade meurtrière et les violences armées doivent cesser.

L’urgence d’accueillir la communauté ukrainienne

Collectivement, nous devons remettre la personne humaine au cœur de nos actions. À l’instar de nombreuses organisations universitaires à travers le monde, la TPU, qui rassemble les associations étudiantes et les représentant-es syndicaux (personnels enseignant, de soutien, technique et professionnel, étudiants-es employés-es) au Québec, offre son soutien dans l’organisation de l’accueil des membres de la communauté universitaire ukrainienne en sol québécois. L’Université est un lieu d’apprentissage, de réflexion et de recherche. Ce haut lieu du savoir joue un rôle crucial d’ouverture sur le monde et doit le demeurer.

Parallèlement, la désinformation à propos du conflit et de ses origines, véhiculée quotidiennement depuis la mi-février, est fort préoccupante. Débordant les frontières de la Russie, elle a pris racine chez nous et ailleurs dans le monde. Le milieu universitaire québécois a un rôle essentiel à jouer, il doit s’assurer de contrer cette désinformation par l’exposition des faits et des résultats des nombreuses recherches et études sur les réalités russes et ukrainiennes.  

Finalement, la TPU invite l’ensemble des membres de la communauté universitaire québécoise à soutenir les personnes ukrainiennes coincées dans cette guerre sordide par des dons, par des actions ou en participant à des manifestations. Individuellement et collectivement, travaillons à faire de l’éducation un outil de paix.

Membres de la Table des partenaires universitaires :

Vincent Beaucher
Président, Fédération de la recherche et de l’enseignement universitaire du Québec — CSQ

Renaud Béland
Membre du comité de coordination, Fédération universitaire des syndicats étudiants

Hadrien Chénier-Marais
Président, Fédération des associations étudiantes universitaires québécoises en éducation permanente

Valérie Fontaine
Présidente, Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur — CSQ

Claude Fortin
Présidente, Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche

Catherine Lanaris
Vice-présidente secteur universitaire, Fédération des professionnèles — CSN

Carole Neill
Présidente, Conseil provincial du secteur universitaire, Syndicat canadien de la fonction publique — FTQ

Jonathan Desroches
Président par intérim, Union étudiante du Québec

Sébastien Paquette
Coordonnateur, Conseil québécois des syndicats universitaires — AFPC

Jean Portugais
Président, Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université

Caroline Quesnel
Présidente, Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec — CSN

À propos
La TPU a été constituée au milieu des années 1990. Elle réunit des organisations représentant des étudiantes et étudiants, du personnel de soutien, technique et professionnel, des chargées et chargés de cours et des professeures et professeurs. La TPU propose une vision humaniste de l’université. On peut prendre connaissance du manifeste publié le 25 novembre 2010 : Pour une université libre, accessible, démocratique et publique1Les propositions du manifeste sont toujours actuelles.

« Tu devrais être heureux d’avoir ce travail » : le piège du travail de la passion

En janvier dernier, une enquête de Pivot révélait les curieuses conditions de travail mises de l’avant par le nouveau Club Med de la région de Charlevoix. Loin de rémunérer toutes les heures travaillées, les gestionnaires de l’établissement proposaient plutôt aux personnes intéressées d’apprécier le « mode de vie » associé à leur futur travail. « La vie Club Med, c’est l’expérience Club Med, il ne faut pas compter nos heures » expliquait alors une agente de recrutement. 

Au-delà des caractéristiques propres à l’industrie touristique, il me semble que cet exemple nous offre une belle occasion de réfléchir sur la montée d’une nouvelle idéologie managériale depuis le début du 21e siècle : celle du « travail de la passion » ou du « travail de l’amour », et de son impact nocif sur la santé psychologique des travailleurs et des travailleuses. Lire la suite…

Le printemps des chargées et chargés de cours

Le printemps des chargées et chargés de cours

La pandémie a demandé une adaptation importante des services publics. L’enseignement supérieur qui a rapidement été mis dans la catégorie des services essentiels par le gouvernement Legault n’a pas fait exception. Le corps enseignant a dû s’adapter dans l’urgence. Redéfinir les méthodes d’évaluation, développer des outils numériques, trouver de nouvelles stratégies pédagogiques en vidéoconférence et accompagner des étudiantes et des étudiants en situation de crise sont quelques exemples de défis qu’ont dû relever les personnes chargées de cours.

Soyons clairs! Les chargées et chargés de cours qui offrent la majorité des cours de premier cycle et une part importante des cours des cycles supérieurs ont sauvé l’université en assurant la continuité du service public. Malgré ce constat, rares sont les universités qui ont reconnu la surcharge de travail en temps de pandémie. 

Le réveil des chargées et chargés de cours

Ce printemps coïncide avec la diminution des mesures sanitaires. Pour les personnes chargées de cours de plusieurs universités, ce printemps correspond à la négociation de leur convention collective. On aurait pu penser que les directions des différentes universités auraient démontré une grande reconnaissance pour la contribution exceptionnelle du corps enseignant pendant ces deux années extrêmement difficiles. Or, ce qu’on voit à l’heure actuelle, c’est un durcissement des positions patronales.

En 2022, deux syndicats de chargées et chargés de cours ont voté pour le moyen de pression ultime : la grève générale illimitée (GGI). Dans les deux cas, l’appui à ces grèves était considérable. D’abord, le 22 janvier, les collègues de Trois-Rivières ont voté à 92 % pour la GGI. Le 16 mars, ce sont les collègues de l’UQAM qui ont voté pour la GGI à 90 %. Ces chiffres démontrent à la fois le raz-le-bol des chargées et chargée de cours ainsi qu’un manque de sensibilité et de reconnaissance des différentes directions. Soulignons qu’un vote de grève générale illimitée n’est jamais un geste anodin. 

En 2022, plusieurs syndicats de personnes chargées de cours commencent leur négociation. À la FNEEQ-CSN, les différentes négociations locales sont coordonnées afin d’améliorer leur efficacité. Ces votes de grève laissent croire que cette coordination sera extrêmement sollicitée cette année!

Et à l’UQO?

La négociation entre l’UQO et le SCCC-UQO n’est qu’ à ses débuts. Il est trop tôt pour déterminer si la direction sera plus conciliante qu’à Trois-Rivières et à Montréal. Mentionnons que le Syndicat a des préoccupations, car l’UQTR, l’UQAM et l’UQO appartiennent au même réseau de l’Université du Québec. Ainsi, nous devons nous préparer à la mobilisation et planifier les moyens de pression. Espérons que notre direction choisisse une voie différente que celle de ses vis-à-vis de Trois-Rivières et de Montréal!

Nicolas Harvey
Vice-président aux communications
SCCC-UQO

Mars 1972 : Le calendrier revendicateur et militant du Front commun

Mars 1972 : Le calendrier revendicateur et militant du Front commun

OPINION – Il est à toutes fins utiles impensable d’étudier ou d’analyser le syndicalisme sans le mettre en relation avec le développement du capitalisme et la présence dans la société de l’État. Le syndicalisme est, qu’on le veuille ou non, un phénomène social largement conditionné par l’activité économique, la vie politique et l’expansion ou la contraction de l’interventionnisme étatique dans la société. En ce cinquantième anniversaire du Front commun intersyndical, le moment est bien choisi pour relater quelques épisodes historiques qui ont contribué à son apparition.

Soulignons que le combat de la composante syndicale du mouvement ouvrier s’est structuré pour l’essentiel autour de la conquête et la reconnaissance par les employeurs et par l’État de trois grands droits : le droit d’association syndical, le droit de négocier les conditions de travail et de rémunération et le droit de faire la grève. Depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui, ces droits ont tantôt été niés, tantôt plus ou moins reconnus par les personnes qui détenaient les entreprises ou qui dirigeaient l’État.

L’année 1944 en est une importante au Canada et au Québec, notamment en matière de législation ouvrière. C’est en effet cette année-là que les gouvernements canadien (via un décret) et québécois (à travers l’adoption d’une loi) accordent une certaine reconnaissance institutionnelle au mouvement syndical organisé. C’est également au sortir de la Deuxième Guerre mondiale que se met en place (à une vitesse très variable) dans les pays capitalistes développés d’Amérique du Nord, d’Europe de l’Ouest et du Japon, la « Société de consommation ». Au sein de ce type de société, le mode de rémunération dit fordiste domine. La rémunération des salariéEs est liée, dans les entreprises privées syndiquées, aux gains de productivité et les salaires permettent d’accéder à l’achat des biens de consommation suivants : des appareils électriques, une automobile et pourquoi pas un bungalow. Durant les Trente glorieuses, toujours dans ces pays qui se déploient sur trois continents, à quelques exceptions près, le taux de chômage annuel est bas et le niveau de vie de plusieurs membres de la classe ouvrière s’améliore. Le secteur moteur de la création d’emploi est résolument celui des services, qui est hélas peu syndiqué et dont la main-d’œuvre est moins bien rémunérée. Ce secteur recrute une brigade de travailleuses qui seront surexploitées.

Il faut rappeler ici que durant les quinze premières années des Trente glorieuses, nous sommes en présence au Québec d’un gouvernement hostile à la pleine reconnaissance d’un véritable régime de libertés syndicales pour les personnes salariées. De 1944 à 1959, le gouvernement de Maurice Duplessis adopte une politique de répression ouverte à l’endroit des syndiquéEs des secteurs privés ou des hôpitaux et écoles qui oseront se mettre en grève. À partir des années soixante, le Québec entre dans ce qui a été appelé la Révolution tranquille. Après avoir déclaré, en 1962, « La Reine ne négocie pas avec ses sujets », Jean Lesage fera volte-face. En 1964-1965, le gouvernement du Québec modifiera, suite à de nombreuses pressions syndicales, les lois du travail. Il est contraint d’étendre aux salariéEs des secteurs public et parapublic un régime de liberté syndicale similaire à celui en vigueur dans l’entreprise privée.

Les deux premières rondes de négociation avec l’État employeur (1964-1965 et 1968) font ressortir les deux particularités suivantes : dans un premier temps, les salariéEs syndiquéEs négocient en rangs dispersés face à leur employeur, ce qui joue nettement à l’avantage du gouvernement et, dans un deuxième temps, lors de la ronde de négociation de 1968, l’État patron impose à la partie syndicale sa politique salariale sans avoir eu à la négocier. Marcel Pepin trace le bilan de ces deux premières rondes de négociation avec l’État patron de la manière suivante : « La première ronde a été marquée par des avancées syndicales ; la deuxième ronde a été plus décevante mais elle a été un tournant pour le futur puisque le front commun y a pris sa source[1] ». Mais « Front commun », qu’est-ce à dire ?

Le Front commun intersyndical de 1971-1972

La ronde de négociations de 1971-1972 dans les secteurs public et parapublic au Québec s’amorce dans le contexte d’une contestation radicale du rôle de l’État. Les centrales syndicales publient des manifestes (Ne comptons que sur nos propres moyens (CSN), L’État rouage de notre exploitation (FTQ), L’école au service de la classe dominante (CEQ)) dans lesquels l’État et ses appareils y sont décrits comme une superstructure qui met ses moyens d’action au service de la classe dominante. Pepin rappelle également trois événements qui ont facilité le rapprochement et le travail en commun entre les dirigeants syndicaux à l’époque : la Crise d’octobre 1970, l’Assurance-maladie en 1970 et la grève de La Presse en 1971 (Pepin, 1985, p. 22-24). Les alliances intersyndicales nouées lors de ces trois événements ont favorisé « un certain rapprochement des personnes, des organisations. Ce qui a pu faciliter le grand rendez-vous de 1972 » (Pepin, 1985, p. 23).

Lors de cette négociation de 1971-1972, le gouvernement veut imposer sa politique salariale à ses employéEs syndiquéEs. Cette politique ne peut aller à l’encontre de ses objectifs fiscaux et budgétaires. Les conditions de travail et de rémunération de ses salariéEs doivent être tout au plus comparables à ce qui existe sur le marché du travail dit privé. Du côté syndical il en va un peu autrement. Pour cette ronde de négociation, les grandes organisations syndicales (CEQ, CSN et FTQ) s’unissent dans le cadre d’un Front commun qui regroupe plus de 210 000 syndiquéEs[2]. Le but du Front commun vise à discuter et à négocier la part du budget que l’État doit consacrer à la rémunération et aux avantages marginaux des salariéEs syndiquéEs des secteurs public et parapublic.

L’État employeur cherche à poursuivre l’entreprise de normalisation des structures salariales entreprise à la fin des années 1960. À la fin du mois de mars 1971, il dévoile les principes et règles à la base de ses propositions salariales. Au niveau salarial, il prévoit ceci : « Niveau de rémunération fondé sur la moyenne généralement observée au Québec pour des emplois identiques ou analogues » (Gouvernement du Québec, ministère de la Fonction publique, mars 1971, 20 p.)[3]. Du côté syndical, le Front commun intersyndical revendique ceci : « Obtention d’un salaire de base minimum de $100. Dollars par semaine ; […] Obtention d’un % d’augmentation tenant compte de l’augmentation du coût de la vie et de la productivité, pourcentage fixé à 8 % » (Dubé, 1974, p. 27-28)[4].

Le choc, entre ces deux visions opposées, va donner lieu à l’explosion d’un conflit social d’une ampleur inédite au Québec. Et le contexte le justifie bien. Cette réaction sociale n’est pas étrangère à ce que certainEs sociologues appelleraient le « réveil » de la population québécoise face à sa position dans le monde, dans une prise de conscience de sa propre situation et dans l’adhésion à une nouvelle fierté, à savoir le signe avant-coureur d’un nationalisme unique qui fera des échos dans les années qui suivront. Ce nationalisme québécois, nourrit par une rhétorique de la gauche, alors que les francophones de la province ont subi et subissent encore une forme de répression, se transpose sur le gouvernement qui, comme nous l’avons dit, est perçu comme un organe favorable aux mieux nantis considérés comme étant majoritairement anglophones.

La grève du Front commun de mars et avril 1972

La lutte s’enclenchera, lors de cette ronde de négociation, autour de la question de la table centrale qui n’avait pas été prévue sur la Loi du régime des négociations collectives dans les secteurs de l’éducation et des hôpitaux. Ce ne sera qu’après la tenue d’un vote où les syndiquéEs rejettent à plus de 70 % les offres du gouvernement, que celui-ci consentira à mettre en place une table centrale sans statut juridique réel. Fin mars et début avril, les syndiquéEs recourront à la grève (d’abord un 24 heures d’arrêt de travail [le 28 mars] et, ensuite, une grève générale illimitée[grève qui sera déclenchée le 11 avril et qui durera onze jours)[5]. Pour mettre un terme au débrayage massif des syndiquéEs des secteurs public et parapublic, le gouvernement adoptera, le 21 avril, le projet de loi 19 et fait émettre des injonctions à l’endroit des grévistes qui n’ont pas respecté les services essentiels. Les trois présidents des centrales syndicales seront, pour leur part, condamnés ex parte à un an d’emprisonnement pour avoir encouragé les syndiquéEs à défier les injonctions. L’emprisonnement des dirigeants et de militants syndicaux donnera lieu à la « Grève générale de mai 1972 ».

Si le projet de loi 19 vient mettre un terme au conflit ouvert entre l’État et ses syndiquéEs, il ne met pas un terme à la négociation qui, elle, permettra un certain nombre de gains syndicaux : notamment le 100 $ minimum et une clause d’indexation qui, contrairement aux attentes, s’avérera fort profitable compte tenu de la spirale inflationniste qui s’emparera de l’économie, et également la reconnaissance de la table centrale qui permettra la négociation de la masse salariale et la création d’un nouveau régime de retraite pour les employéEs du gouvernement et des organismes publics (le RREGOP) dont le partage des coûts est le suivant : 7/12 pour l’employeur et 5/12 pour la personne salariée (Dubé, 1974, p. 87 à 101). Dans l’ensemble, le résultat de la négociation est nettement à l’avantage de la partie syndicale. Deux groupes se verront décréter leurs conditions de travail : les enseignantEs de la CEQ et de la FNEQ. Le Front commun sort de cette ronde de négociation un peu effrité. Le SFPQ et le syndicat d’Hydro-Québec ont déserté les rangs syndicaux et ont décidé qu’ils négocieraient dorénavant de manière isolée.

Et après…

Après cette ronde de négociation tumultueuse, il y aura d’autres face-à-face avec l’État patron. D’autres négociations qui donneront lieu à des affrontements majeurs (en 1982), à l’adoption de lois spéciales ou de décrets ayant pour effet d’imposer les conventions collectives. Les négociations, qui arrivent après le Front commun de 1971-1972, vont se dérouler dans un contexte caractérisé par la fin des Trente glorieuses et le début des Années douloureuses… La clause de l’indexation des salaires a commencé à s’effriter à partir de 1979 et sera carrément retirée par l’État employeur en 1982-1983. Depuis, en faisant un saut qualitatif volontaire, il y a eu des années de faible taux d’inflation et, à partir de 2021-2022, la reprise d’une nouvelle poussée inflationniste qui aura peut-être pour effet de ramener l’enjeu de la pleine protection du pouvoir d’achat comme enjeu central à la table de la négociation dans les secteurs public et parapublic. Ce serait une belle manière de boucler l’histoire…

Guylain Bernier

Yvan Perrier